Se traiter avec des bactériophages

Il y a plusieurs options pour bénéficier de la phagothérapie en France ou hors de France:

Voici une recension d’informations générales tirées de Wikipedia et d’autres sites internet tels que pubmed, à discuter avec votre médecin :

Conservation

Si un flacon de phagique est trouble, il faut le jeter: c’est qu’il n’est plus stérile. La conservation se fait au frigidaire pour allonger la durée de conservation, mais les phages se conservent plusieurs mois à température ambiante.

Adéquation phage / bactérie

Depuis d’Hérelle on sait qu’il est préférable de tester l’efficacité du bactériophagique sur le germe avant de l’employer lorsque cela est possible. Ceci est aussi recommandé sur la plupart des notices.

Si, grâce à un antibiogramme, le type de bactérie à éliminer est connu, cela permet de savoir s’il existe au moins un cocktail de phages dont la notice spécifie qu’il est à priori actif sur cette bactérie, voire spécifique à cette bactérie.

L’autre approche pour se traiter avec des bacteriophages est de sélectionner un cocktail propre à la pathologie et non au germe, voire à n’importe quelle pathologie (phagique composé de phages attaquant les germes pathogènes les plus fréquents).

Une des difficultés rapportée dans la littérature sur la phagothérapie est qu’il peut être utile d’adapter le traitement par bactériophage en cours de route si la bactérie mute.

Il y est indiqué que ces mutations rendent souvent les bactéries sensibles aux antibiotiques lorsqu’elles y étaient auparavant devenues résistantes à la suite de traitements antibiotiques répétés. D’où l’intérêt de combiner la phagothérapie avec une antibiothérapie, même si le germe était devenu résistant à l’antibiotique. La logique veut de ne commencer les phages qu’après quelques jours d’antibiotiques: ainsi les bactéries seront plus vulnérables aux phages et il y en aura moins donc moins de risque de mutation vers une résistance aux phages. Plusieurs publications ont confirmé cette synergie entre les phages et les antibiotiques.

Quelqu’un qui prendrait un cocktail phagique acheté en pharmacie et suivrait seulement la posologie indiquée dans la notice pourrait juste espérer que le traitement marche. Comme les cocktails contiennent plusieurs bactériophages, il pourrait espérer que même si la bactérie connaissait une mutation durant le traitement, un certain nombre des types de phages présents dans le cocktail seraient toujours actifs sur la bactérie mutante. Le risque principal d’une utilisation en aveugle semble donc que le cocktail se révèle inefficace.

Effets indésirables

La littérature médicale consultable sur internet (par exemple sur le site pubmed) ne relève apparemment pas d’effets secondaire graves. Certaines études rapportent fréquemment un peu de fièvre au début du traitement qui est généralement comprise comme la réaction de l’organisme à la présence soudaine de déchets bactériens ou de toxines dans l’organisme qui proviennent des bactéries tuées par les bactériophages. Il y a quelques cas répertoriés où le traitement a dû être arrêté à cause de la fièvre mais ils sont anecdotiques.

Rapidité d’action

Les phagiques agissant vite, l’essentiel des bactéries est généralement rapidement détruit (quelques heures, jours voire une semaine dans de nombreux cas rapportés). Lorsque le traitement est efficace, les symptômes de l’infection commencent immédiatement à diminuer ou disparaître, mais le traitement est généralement prolongé plusieurs jours après.

A l’inverse il est généralement reconnu dans les publications que si les symptômes ne disparaissent pas dans les premiers jours de traitement, alors le traitement ne sera habituellement pas efficace. D’Hérelle le mentionne déjà dans son autobiographie.

Types de traitement

Les notices consultables par internet préconisent de tester l’efficacité du cocktail phagique sur la bactérie présente sur le site de l’infection avant de l’utiliser. Mais certains médecins prescrivent aussi les bactériophages sans faire de test, soit pour des raisons d’urgence, soit par économie de moyens.

Au contraire, lorsqu’on est soigné dans un centre spécialisé, le centre va d’abord, avant tout traitement, tester la résistance de la bactérie aux cocktails phagiques standards et, si les cocktails standards sont inefficaces, aux bactériophages que le centre conserve à cet effet dans sa « phagothèque ». Si les cocktails standards sont inefficaces, une fois trouvés dans la phagothèque plusieurs phages actifs contre la bactérie, ceux-ci seront mélangés en un cocktail propre à l’infection et administrés au patient.

De plus tous les jours ou tous les deux jours les bactéries toujours présentes sur le site de l’infection seront retestées avec les bactériophages de la phagothèque. En effet les bactéries peuvent muter et développer des résistances contre les phages. Il sera alors nécessaire de trouver dans la phagothèque des phages plus virulents contre les bactéries qui survivraient. D’où une chance de succès plus importante.

Une autre approche est de fabriquer naturellement des phages plus agressifs sur la bactérie en réexposant successivement à la même souche originale de bactéries plusieurs générations de phages relativement actifs sur la bactérie. Génération après génération les phages deviennent plus actifs et lorsque l’efficacité est jugée suffisante, ils sont administrés au patient. Dans ce processus de raffinage, il faut veiller à ce que les différentes générations de phages soient toujours confrontés à la souche bactérienne d’origine et non pas laisser les phages et les bactéries évoluer ensemble au fil des générations. Dans ce dernier cas, les bactéries connaissant elles aussi des mutations, elles risqueraient de devenir au contraire plus résistantes aux phages.

Acidité adverse aux phages

A peu près toutes les sources affirment que les phages sont vulnérables à l’acidité de l’estomac, ce qui pose des difficultés pour les traitements par voie orale. Pour éviter cette acidité, différentes approches sont utilisées: prendre un traitement anti-acide (oméprazole) pendant plusieurs jours avant l’ingestion du phagique, prendre le phagique à jeun le matin, prendre du bicarbonate de soude dans un verre d’eau 10 à 20mn avant le traitement, etc…

Le même problème se pose avec les urines dans le traitement des voies urinaires. Dans son Manuel à l’usage des Médecins du XXIe siècle le Dr Riche recommande 10 à 25 g de bicarbonate de soude per os pendant les 4 ou 5 jours précédant le traitement des infections urinaires.

Exemples de posologies

Dans un cas communiqué par le Départment de Microbiologie Médicale de l’Université de Radboud aux Pays-Bas, un patient hollandais a été guéri en suivant la posologie indiquée par l’Institut Eliava qui lui avait fourni les bactériophages par correspondance. Bien que le patient eût été auparavant traité en vain par méropénème sept fois de suite pour des périodes allant de 10 jours à 4 semaines sans que les symptômes disparussent, cette fois les symptômes disparurent dès la première journée de traitement par phages + méropénème et le germe n’avait toujours pas reparu 14 mois plus tard.

La posologie indiquée par l’Institut Eliava était: « prise orale deux fois pas jour d’un flacon (de 10ml) de bactériophages et instillation vésicale par sonde deux fois par jour d’un flacon, pendant deux semaines. Puis un flacon par voie orale et un autre par instillation vésicale chaque jour pendant les deux semaines suivantes. Et finalement un flacon par voie orale et un par instillation vésicale un jour sur deux pendant huit semaines. » Soit 14 boîtes de 4 flacons + 7 boîtes + 14 boîtes pour 12 semaines de traitement. Simultanément le patient suivait un traitement de 6 semaines de méropénème.

Les Polonais de l’Institut Hirszfeld donnent sur leur site internet des informations sur l’administration du traitement, qui dure chez eux de 2 à 6-8 semaines:

« Nos formulations de phages sont préparées sous forme liquide. Ils sont appliqués par voie orale, locale et / ou rectale. Pour une application orale, vous prendrez un médicament neutralisant l’acide (jusqu’à 20 minutes avant l’administration orale de la formulation) ou un inhibiteur de l’acide gastrique afin de limiter la destruction des phages par l’acide gastrique. En application locale, la formulation sera appliquée 1 à 2 fois par jour sous forme de compresse humide (pansement humide), de bain de siège, de gouttes nasales ou auriculaires, d’aérosol, de gargarisme, d’irrigation du vagin, de fistules ou de la cavité d’abcès. Par voie rectale, 10 à 20 ml d’instillations de la formulation seront appliqués 1 à 2 fois par jour. »

Dans ses notices, le laboratoire russe Microgen mentionne aussi la prise par voie rectale. Pour ce faire il faut acheter une poire en pharmacie. Votre médecin pourra vous conseiller.

Les publications médicales montrent que même lorsqu’ils sont appliqués directement sur le site infectieux, les phagiques sont aussi souvent administrés simultanément par voie orale, et parfois aussi rectale. Ce qui revient à un flacon de 100ml par jour, ou une boîte de 4 flacons de 20ml.

Les Polonais du Centre de Thérapie par Phages de l’Institut Hirszfeld constatent des taux de sensibilité aux phages de plus de 80% pour les Staphylocoques dorés et Pseudomonas Aeruginosa.

Trouver de l’aide

Le Docteur Paul Hervé Riche, grand défenseur de la phagothérapie maintenant à la retraite, pourra peut-être vous aider ou conseiller votre médecin. Son site internet donne de nombreuses informations, notamment dans la foire aux questions. Avec un autre médecin, le Docteur Garrigues, il a publié un livre sur les traitements par bactériophagiques: « Manuel de Phagothérapie Pratique à l’usage des Médecins du XXIème siècle« .

Votre médecin trouvera aussi des informations auprès de l’Institut Pasteur ou dans la littérature médicale française, abondante sur le sujet mais qui date de l’époque où la phagothérapie était couramment employée en France.

Enfin l’association AVIBEP peut vous aider à vous orienter et trouver la solution la mieux adaptée à votre cas.

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6 réponses

  1. alain dit :

    Phages anti pseudomonas reçu il y a une semaine et traitement débuté ; aerosols+solution buvable 6ml 3 fois/jour. La maladie est une dilatation des bronches avec présence de PSEUDOMONAS . Les phages viennent de Russie et ont été commandé chez APTEKAPRO.COM . 3 semaines pour arriver de rUSSIE en FRANCE en courrier normal . Au bout d’une semaine de traitement aucune amélioration de la toux et des sécrétions. J’ai contacté le Dr RICHE pour avoir son avis . Il dit qu’il faut arrêter de prendre des antibiotiques en meme temps . Il faudrait aussi pratiquer l’autohémothérapie . Je cherche des personnes qui auraient eu des résultats avec ce traitement complémentaire aux PHAGES!!!et qui ont cette maladie.

  2. Hannetel dit :

    Bonjour, J’ai vu qu’il existe des phage en suppositoire. Permettent-ils de traiter tout l’intestin ou uniquement le colon, voire la partie finale du colon ? En vous remerciant par avance de votre réponse. Bien cordialement

  3. Dorothea dit :

    Bonjour,
    Merci beaucoup pour votre réponse.
    Nous étions à l'Institut Hirszfeld et pris les bactériophages avec nous. Mais l'état des pieds de mon partenaire était dans une mauvaise situation, que le médecin Hirszfeld conseillé d'utiliser les bactériophages en combinaison avec des antibiotiques, mais nous devons effectuer le traitement sous surveillance médicale. Après 4 jours de traitement à la maison, mon partenaire avait peur d'une septicémie. Nous avons donc décidé d'aller avec les bactériophages à Berlin dans la Charité. La Charité avait 2017 un article où l'a annoncé pour démarrer le phageproject. Nous avons donc pensé être au bon endroit. Mais les médecins ne voulaient pas faire quoi que ce soit avec les bactériophages. Mon partenaire ne pouvait même pas arriver à une conversation avec le chef du projet.
    Les médecins veulent continuer le traitement antibiotique, même si il n'y a qu'une seule réserve gauche antibiotique. Le Pseudomonas est maintenant un 3MRGN.
    Mon partenaire est maintenant sur son 6. séjour à l'hopital (4 différents hôpitaux- personne ne pouvait aider). Chaque fois qu'il a été libéré à la maison, le germe est revenu après 5 journées. Le germe a une biofilm extrême. Les pieds sont rouges et extrêmement enflé. Le germe se propage dans la direction du genou. Nous essayons donc de trouver un hôpital où il peut rester et obtenir le phagetreatment en combinaison avec des antibiotiques. J'ai lu l'hôpital militaire de Brüssel traite avec bactériophages. Y at-il pas d'hôpitaux en Allemagne à offrir une coopération? Merci beaucoup pour vos réponses

  4. Rieger dit :

    Chers mesdames et messieurs,
    Mon partenaire a Pseudomonas Aeruginosa sur les deux pieds depuis Janvier 2018. Depuis, il a été traité dans divers hôpitaux avec des antibiotiques, mais sans succès. Maintenant, le Pseudomonas Aeruginosa est de plus en plus résistant. Il n'y a plus qu'un seul antibiotique actif. Nous nous sommes débrouillés pour avoir des bactériophages de Breslau (institut Hirzfeld). Notre problème est: nous ne pouvons pas trouver un hôpital ou un médecin en Allemagne pour accompagner le traitement. La situation de mon partenaire est très grave. Il est maintenant à l'hôpital de la Charité à Berlin, et les médecins veulent commencer à utiliser le dernier antibiotique et ne veulent pas entendre parler des bactériophages. Le Pseudomonas fait une énorme biofilm et se répand vers ses genoux. Les pieds sont gonflés et rouges. Nous sommes complètement désespérés. Pouvez-vous nous recommander un médecin / hôpital ? cordialement
    Dorothea Rieger

    • Europhages dit :

      Hello,

      Pseudomonas n’est pas le germe le plus sensible aux phages en général. Essayez de vous faire hospitaliser à Hirzfeld. Sinon esssayez les Belges de la Reine Astrid. Il semble qu’ils pourraient accepter votre dossier. Les 2 ont des phages contre Pseudomonas.

      Malheureusement il y a des milliers de gens dans votre situation, auxquels on refuse l’accès à la phagothérapie alors que c’est le seul espoir. Il faut engager la responsabilité des médecins qui refusent de vous soigner en collaborant avec les polonais: Hirzfeld est dans l’UE.

      Il n’y a pas de risque attaché à la phagothérapie et leur refus est inacceptable.

      Le problème vient des régulations européennes qui imposent une fabrication GMP pour des virus qui sont quasi-vivants et évoluent en permanence. La fabrication GMP est impossible, d’autant plus qu’il faut adapter, entraîner les phages. Autant interdire franchement: cela revient au même.

      Ces technocrates sont des criminels. Les gens meurent et sont amputés par leur faute. Les médias sont responsables aussi par leur silence.

      La meilleure façon de pratiquer la thérapie phagique est d’utiliser des phages entraînés sur votre bactérie, c’est à dire de mieux en mieux adaptés au fil des générations. Cela s’est fait longtemps à l’Institut Pasteur à Paris il y a quelques années. Votre médecin pouvait leur envoyer votre bactérie et quelques jours plus tard Pasteur vous retournait des phages adaptés.

      Gardez-nous informés.

      EP

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